Par Anthony Gilding HBSc(c), membre du conseil d’administration, communication scientifique et recherche à la FCANAA.
Cela fait un peu plus d’un an que les vaccins contre la COVID-19 sont administrés à la population canadienne dans le but de ralentir la propagation de la COVID-19 et de réduire le risque de maladie grave. Étant donné la nouveauté de ce vaccin, de nombreuses Canadiennes et de nombreux Canadiens atteints d’alopécie areata (AA) appréhendent de se faire vacciner de peur que cela n’aggrave leur perte de cheveux ou ne provoque l’AA chez une personne qui n’en souffrait pas auparavant. Cet article met en évidence le fonctionnement du vaccin contre la COVID-19 et discute de sa relation avec l’AA.
Comment le vaccin contre la COVID-19 fonctionne-t-il ?
Les deux vaccins actuellement disponibles pour la population canadienne sont le Pfizer-BioNTech et le Moderna, qui sont tous deux des vaccins à ARNm. L’ARNm est un ensemble d’instructions génétiques qui sont traduites en une protéine fonctionnelle que l’organisme peut utiliser. Le type particulier d’ARNm dans le vaccin transmet un code pour la protéine Spike du virus SRAS-CoV-2 (le virus responsable de la COVID-19). Considérez un vaccin à ARNm comme une recette pour la protéine Spike. Une fois injecté dans notre bras, le vaccin a les effets suivants sur le corps :
1) Nos cellules lisent l’ARNm, produisent la protéine Spike et l’affichent à leur surface.
2) Les cellules de notre système immunitaire voient la protéine Spike et interagissent avec elle. Il en résulte la formation de cellules immunitaires spécialisées qui produisent des anticorps conçus pour reconnaître et cibler la protéine Spike. Les anticorps sont des protéines produites par le système immunitaire qui servent à empêcher les agents pathogènes (virus, bactéries, etc.) de nous rendre malades.
Une fois que nous avons développé des anticorps contre la protéine Spike, nous sommes bien armés pour combattre le vrai virus. Si une personne entre en contact avec la COVID-19 après avoir été vaccinée, les anticorps reconnaîtront la protéine Spike du virus et la détruiront avant qu’elle n’ait la possibilité de pénétrer dans nos cellules et de nous rendre malades.
Deux mythes courants sur le vaccin
1. « L’ARNm va s’incorporer à mon ADN et provoquer des changements indésirables ».
C’est complètement faux. Une fois lu par nos cellules, l’ARNm est dégradé. L’ ARNm n’est pas capable de se combiner avec l’ADN , car ce sont deux molécules biologiques distinctes.
2. « Je n’ai pas besoin du vaccin; mon système immunitaire naturel me protégera ».
S’il est vrai que nous avons un système immunitaire inné qui fournit une réponse immédiate aux agents pathogènes envahissants, il ne fournit pas la réponse la plus forte aux agents pathogènes qu’il n’a jamais rencontrés auparavant, comme le virus de la COVID-19. Sans les anticorps générés par le vaccin, vous ne disposez pas de la protection la plus forte possible et vous risquez de développer une maladie grave.
En résumé, le vaccin contre la COVID-19 à ARNm fonctionne en stimulant notre corps à produire des anticorps contre la protéine Spike du virus. Si la véritable protéine Spike pénètre dans notre organisme, notre système immunitaire la reconnaît immédiatement et détruit le virus avant qu’il ne puisse faire le moindre mal. Le vaccin n’a pas d’autre effet biologique sur l’organisme.
Le vaccin contre la COVID-19 peut-il provoquer une alopécie areata?
La réponse courte à cette question est que nous ne disposons d’aucune donnée suggérant que le vaccin cause l’AA ou aggrave la perte de cheveux chez les personnes atteintes d’AA.
Certaines personnes ont fait référence à un rapport de cas de Rossi et al. (2021) qui décrit la récurrence de l’AA chez trois (3) personnes après la première dose du vaccin. Dans ce cas précis, les trois personnes avaient des antécédents d’alopécie, ce qui signifie qu’elles étaient déjà atteintes d’alopécie, mais ne présentaient pas de perte de cheveux active à ce moment-là. Deux à trois semaines après la première dose, ces personnes ont constaté une augmentation de leur chute de cheveux.
Ce qu’il est important de considérer dans ce cas, c’est qu’il ne s’agit que de 3 personnes sur les centaines de milliers de personnes atteintes d’AA qui ont reçu leur vaccin contre la COVID-19 sans problème, et que cette information ne peut donc pas être généralisée au grand public. L’explication la plus probable dans ce cas est que l’auto-immunité à l’origine de l’AA a été exacerbée, mais n’a pas été causée par la réponse immunitaire saine au vaccin. Il est impératif de noter que cela peut théoriquement se produire avec n’importe quel vaccin, pas seulement le vaccin contre la COVID-19, mais cela ne se produit pas systématiquement et ne doit pas être une raison pour éviter la vaccination. Le risque de maladie grave et de décès causé par l’infection est bien pire que le faible risque d’aggravation de l’AA après la vaccination.
L’AA est très imprévisible et est connu pour aller et venir par cycles. Par conséquent, malgré tous nos efforts, nous ne pouvons pas attribuer totalement une activité, qu’il s’agisse d’une vaccination ou autre, à l’aggravation de la perte de cheveux, car il est toujours possible que la perte de cheveux se produise de toute façon. Comparez ceci à secouer un arbre à l’automne. Vous allez faire tomber quelques feuilles, mais cela risquait de se produire de toute façon étant donné le changement de saison.
En bref, le vaccin contre la COVID-19 s’est avéré sûr et efficace pour réduire la transmission du virus ainsi que les risques de maladie grave ou de décès causés par l’infection. Les personnes qui envisagent de se faire vacciner sont invitées à consulter leurs professionnelles et professionnels de la santé et à examiner d’un œil critique toute information reçue par Internet ou transmise de bouche à oreille. Pour toute question particulière concernant le vaccin contre la COVID-19 et l’AA, nous vous invitons à consulter votre dermatologue ou votre infirmière praticienne en dermatologie.
Prenez soin de vous et restez en sécurité!